Une réflexion sur le nazisme inédite avec une réalisation efficace et un acteur principal très doué.
Un film sur le nazisme, ça peut rebuter quand on a la crainte que cela soit émotionnellement éprouvant, surtout quand on a une certaine expérience des films traitant du sujet. Ici ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’histoire se déroule dans l’Allemagne d’après guerre des années 60, période où le pays essaye de se reconstruire, notamment par rapport à son identité, et est racontée par des Allemands.
Ce que l’on remarque tout de suite, c’est la sobriété de la mise en scène que certains pourraient trouver un poil mécanique, mais qui est super efficace (travelling arrière sur une porte fermée pour s’éloigner d’une vérité douloureuse, des ellipses sur certains témoignages des victimes des camps plutôt classe car d’autres auraient profiter du “pathos”).
L’histoire est racontée à travers celle de Radmann qui est en fait est un personnage créé à partir de plusieurs personnes ayant réellement existé. Le réalisateur réussit grâce à lui à nous embarquer dans sa quête. Il s’agit de l’archétype du héros au sens de Joseph Campbell (“Le Héros aux mille et un visages”), passe par des stades bien définis tels que la partance, l’initiation et le retour. On suit ce héros ce qui donne un point d’ancrage et d’identification au spectateur. Beaucoup de sous-thèmes sont abordés au delà du pitch : faut-il cacher une certaine vérité quand l’équilibre est fragile ? Quelle dévotion consacrer à son travail – même si celui-ci concerne un sujet aussi grave – par rapport au sacrifice que cela représente pour sa vie et son épanouissement personnel ? La relation père/fils et la confrontation d’une certaine conception de la morale face à la réalité de la vie.
Le réalisateur évite que son récit soit totalement manichéen. On y retrouve tous les points de vue : le fils de résistant, les familles déportées, ceux qui nient, ceux qui ne pensent pas qu’ils faillent creuser, ceux qui ont été nazis par conviction ou par « survie ».
Peut-être est-ce le film ultime sur le sujet car il regarde tous les faits en face et n’essaye ni de s’excuser, ni d’accuser mais simplement de comprendre comment on peut faire pour vivre dans un pays ayant vécu cette horrible histoire qui résonne encore aujourd’hui.
Cette histoire est portée par un superbe casting notamment Gert Voss, récemment décédé et auquel le film est dédié, qui interprète Fritz Bauer (véritable héros dans la réalité), André Szymanski qui interprète Thomas Gnielka, et surtout Alexander Fehling vu dans “Inglorious Basterds” de Tarantino. Il a un certain charisme et une capacité à se transformer : tantôt jeune « blanc bec » naïf , puis procureur déterminé, mec au fond du trou et odieux… A travers son regard on capte ce qui l’anime. Sans doute que la direction d’acteurs n’y est pas pour rien non plus… Bref, “ Le Labyrinthe du Silence ” est un bon film que l’on vous recommande et qui ne vous filera pas le cafard car on y parle surtout de vie et de résilience !
Est-ce #DudeChick ?
Un film bien réalisé et on croit beaucoup au potentiel d’Alexander Fehling !
Au fait #Dudechick c’est quoi?
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image source: Sophie Dulac Distribution