Sérieux, concentré et inspiré, Christopher Nolan, l’un des plus grands réalisateurs de notre génération tente de définir ce qu’est le cinéma à l’Avant-Premiere de son film Insterstellar.
Pour lui, une oeuvre cinématographique pure est une expérience unique qu’il faut la ressentir pour la comprendre. Et « ressentir » est le maître mot du très attendu Interstellar.
Temps, espace et photographie incroyable, le film atteint sans aucun doute un autre niveau dans la filmographie du réalisateur.
En effet, juste à la vue du contexte, de l’ambiance du film, des personnages et de l’intrigue principale, on comprend à quel point ce film est abouti. En fait, c’est la synthèse assez géniale de nombreux films de référence du genre dont 2 en particulier:
Avec l’omniprésence de la musique ( Hans Zimmer/ Nolan; le nouveau duo à succès qui mène la danse à Hollywood?), des questions existentielles, des plans panoramiques inter-galactiques époustouflants et l’exploration de l’espace avec le meilleur ami robot plein d’humour (R2D2 a de la concurrence), vous avez deviné, le réalisateur rend hommage à 2001: L’Odyssée de L’Espace et STAR WARS.
Ce qui le différencie le plus du film de Kubrick, c’est l’importance du scénario.
Ce que j’admire dans l’approche de Nolan, c’est sa capacité à proposer des films «grand public» mais toujours avec une écriture du scénario personnelle, intelligente et poussée. Par exemple, arriver à baser un film sur l’idée d’un rêve dans un rêve (Inception) démontre au combien le réalisateur aime se mettre au défi ainsi que tout son public.
Interstellar reste dans cette lignée mais va encore plus loin. il bouscule des frontières conceptuelles, et réalise un grand pas pour le septième art. On traverse un trou noir, expérimente la cinquième dimension et ce, à travers une intrigue futuriste plausible! La démonstration de la talentueuse équipe des Nolan est juste impressionnante (Christopher et son frère ont tous 2 travaillé sur le projet).
En parlant de talent, le casting est aussi excellent. Dernièrement récompensé par un oscar, Matthew McConaughey a déjà prouvé ses performances d’acteur dans Dallas Buyer Club et True Detective, mais avec Insterstellar, il confirme sa place d’acteur de premier plan. Christopher Nolan ne s’est pas trompé car son premier choix est juste « parfait » pour le rôle. Avec celui d’un père, fermier, cowboy et pilote du futur, l’acteur peut largement s’exprimer à travers le personnage de Cooper. De plus, celui-ci, devient d’autant plus intéressant face aux rôles féminins qu’interprètent Anne Hathaway et Jessica Chastain. Tel un miroir introspectif, elles incarnent des femmes fortes avec des convictions qui poussent Cooper dans ses retranchements: être un père présent? Préférer l’amour à la survie? Son « voyage émotionnel » est complexe mais nous touche. On s’identifie facilement à lui car il représente ce qu’il y a de mieux à sauver dans notre espèce: il est courageux, altruiste, intelligent mais submergé par le doute sans aucun contrôle du temps qui s’écoule.
Au delà d’un simple film d’action dans l’espace, ce film est une invitation à chercher des réponses. Comme l’explique McConaughey, le vrai paradoxe du film réside ici: plus Cooper et le reste de son équipage explorent l’inconnu dans une galaxie lointaine, plus ils en apprennent sur eux-mêmes.
Ce n’est pas seulement un film sur les vaisseaux spaciaux et la physique quantique, c’est aussi une belle métaphore sur la recherche du bonheur.
Lorsque Gravity traite de ce sujet à travers une pure démonstration technique & sensorielle, Interstellar explore l’idée pendant presque 3h. C’est une histoire construite comme un thriller avec des explications dans le dénouement dignes des meilleures pirouettes scénaristiques. Christopher Nolan nous propose ici une réflexion générale sur l’être humain et leurs émotions.
Mais cette réflexion est d’autant plus accessible que la technique suit et sert le film. Car le réalisateur va lui aussi sur des terres inconnues en montrant à l’écran un trou noir et la cinquième dimension. Cette expérience m’a particulièrement marquée car qui peut se vanter d’avoir déjà vu, imaginé ou conceptualisé la cinquième dimension?
C’est exactement pour cette raison que selon moi, Christopher Nolan joue maintenant dans la cour des très grands. En relevant ce défi, il nous a montré quelque chose d’encore unique en son genre, jamais exposé au grand public. Sa représentation de la cinquième dimension appartient maintenant à l’inconscient collectif.
Afin de respecter le souhait du réalisateur, je ne vais pas en dire davantage pour éviter les spoils. En bref, Interstellar est le 2001: Odyssée de l’Espace de notre génération.