Jersey Boys de Clint Eastwood

Jersey Boys de Clint Eastwood
22 juin 2014 Laura Kressmann
Avant même de découvrir le 33ième film de Clint Eastwood, il y a de quoi être assez intrigué par ce choix de sujet. Connaissant la filmographie de Clint Eastwood, on ne s’attend pas à voir une adaptation d’une comédie musicale. Vous pouvez balayer tous vos préjugés car le grand Clint est passé par là; ce n’est ni un film de strass et paillette ni de gang et de gros flingue. C’est un savant mélange entre émotions, biopic sur 4 destins, et coup de projecteur sur une Amérique des 60’s.
En effet, traité presque comme un documentaire sur ce groupe mythique des 4 Seasons, on survole rapidement le superficiel de ces ambiances feutrées pour s’intéresser aux relations complexes entre les 4 artistes. Les 4 jeunes hommes évoluent dans une Amérique des Cadillacs, des diners, et des vies de quartiers sous le règne de la mafia locale. Entre innocence et ambition débordante, on découvre de nouveaux acteurs plus issus de la TV et Broadway accompagnés par l’excellent Christopher Walken, en parrain bienveillant.
Avec une telle prise de risque, on peut comprendre que ce film divise. En effet, produit par les principaux intéressés Frankie Valli et Bob Gaudio (chanteur et compositeur), ce biopic ne risque t-il pas d’être bien trop lisse et convenu? Pour ceux qui s’attendent à du clash, des larmes, du trash et du drama bien connu du showbiz, vous serez forcément déçu. il est vrai que le film se détourne « volontairement » des coulisses d’une descente aux enfers à la Tony Montana presque trop cliché à mon goût. Vérité détournée ou choix narratif? A vous de choisir!
Néanmoins, Clint à fait des choix sur ce film, et c’est là qu’on retrouve la patte d’un grand réalisateur. Certes les plans ne sont pas très audacieux et la photographie est assez convenue mais le choix du positionnement de la caméra est cohérent avec son intention narrative. Nous sommes la caméra. Reporter, ami, ou fan, on suit pas à pas l’ascension de Frankie et ses compagnons. Toujours au niveau de l’écran TV, de la scène ou par des plans serrés, on devient un vrai reporter privilégié qui n’a pas forcément complètement accès à l’intimité des artistes mais témoigne des grandes étapes de leurs carrières.
De plus, un dialogue s’installe grâce aux acteurs qui offrent des apartés directs à la caméra, qui nous rappelle l’effet réussi vu dernièrement dans Le Loup de Wall Street de Scorsese.
Toujours loin d’un drama dégoulinant, il faut saluer la performances des acteurs, notamment celle de John Iloyd. Grâce à l’intelligence des interprétations, on obtient quelques grandes scènes. Là encore preuve d’un grand réalisateur aux commandes, les acteurs transmettent beaucoup d’emotions rien qu’à travers un regard. Bien sûr l’attitude, l’accent rital et les costumes fonctionnent mais la réelle crédibilité et profondeur du film résident dans la capacité des acteurs d’en dire plus au-delà des mots. Par exemple, lorsque Frankie est au plus bas, la caméra se rapproche et cherche le visage de l’artiste accablé par l’émotion. Ne pouvant pas l’éviter, l’acteur détourne simplement son regard pour rester digne.
A cette intelligence, rajoutez le talent de ces acteurs-chanteurs et vous obtenez des reprises de titres très réussies!
Est-ce un film « vraiment » Clint? à vous de juger. Mais un chose est sûre, à choisir cette semaine un film de bande de bons amis, échappez aux trois blondes écervelées (Triple Alliance) et « run for the music »!

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Experte en films de badass et en BONS blockbusters. Le Mainstream a du bon mais pas quand c'est cheap #Oscars

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