Personnellement, j’attendais beaucoup de ce film. Un film sur le dépassement de soi réussi c’est rare et avec Ben Stiller aux commandes je me suis dit que cela risquait d’être honnête et drôle.
Le film est super bien vendu : la bande -annonce est très efficace grâce à la Bo qui reste en tête et de très beaux plans de l’Islande et de l’Himalaya entre autres. Le seul bémol que l’on puisse lui trouver c’est qu’elle révèle les 15 premières minutes du film. Heureusement, le reste est plus ou moins préservé.
Au départ, cela fonctionne; le générique du début est très propre, la mise en scène est originale sans trop en faire (les noms défilent comme élément de décor) la photo est très belle, dominée par une lumière blanche et les plans larges sont précis et ingénieux. C’est le cas pendant tout le film d’ailleurs; il y a des transitions entre les plans très bien amenées. On voit donc que ce film a bénéficié d’un budget très conséquent d’autant plus qu’il s’agit d’un film d’un genre inclassable. Ce film a couté 90 millions de dollars. Comparativement, «Le loup de Wall Street» et « Gravity » ont couté chacun environ 100 millions de dollars. Ben Stiller a notamment pu se faire plaisir avec les scènes de « délire » où son personnage est tantôt un superhéros (c’est la grande mode) tantôt un explorateur etc. ll aurait d’ailleurs peut-être mieux fallu que ce budget « cascades » soit plus employé dans les séquences de voyages qui étaient pour le coup plus intéressantes, (non pas qu’elles soient bâclées mais elles auraient pu être plus présentes encore)… Ce qui nous amène au scénario…
Au début du film on se dit que cela va le faire, qu’il a réussi à faire un film sur un sujet aussi risqué que le dépassement de soi, un récit philosophique qui inspirera tout le monde et qui fait le plus grand bien dans ce contexte de crise. Et puis on est déçu…Au-delà des scènes de rêveries donc de cascades trop répétées (certaines assez grotesques comme la scène du requin dont on est pas sur si il s’agit de la réalité ou non mais peut-être est-ce un parti pris!) on assiste à un homme qui voyage dans des pays tellement intéressants (Groenland, Islande, Afghanistan) mais à travers ses yeux d’américain…Alors bien sûr, c’est ponctué d’humour à la Stiller et ce qui lui arrive de « bizarre » dans le monde réel peut être excusable par le fait que ce type confond rêves et réalité…il arrive au Groenland et tombe directement sur un karaoké où les gens parlent anglais ou en Islande sur un Papa John’s (chaine de pizza existant uniquement aux usa et au canada).
A ce propos, le placement de produit dans ce film est omniprésent. Alors encore une fois on peut le justifier en disant que c’est notre quotidien d’être pollués par la pub en tout genre. Mais là c’est vraiment too much autant les couvertures LIFE magazine dans certains plans sont les bienvenues mais vanter les mérites de EHarmony (le personnage de Ben Stiller en fait littéralement la pub) ou intégrer des chaines de fast-foods dans l’intrigue ne passe pas. Autre chose très américaine et assez agaçante : le manque de subtilité des personnages. Walter Mitty est très bien interprété par Ben Stiller. Il a lui-même avoué avoir renoncé à son égo d’acteur pour ce rôle et c’est réussi on ne ressent pas que le réalisateur/acteur a voulu se faire la part belle.
Mais au-delà de son personnage, sa femme idéale est idéale, son collègue gentil est très gentil, son mentor aventurier est tout comme on l’imagine et le méchant patron est un méchant patron à la barbe ridicule. Mais encore une fois, c’est excusable car on est dans un film de fantasme, quasi de super héros (on y fait de nombreuses références). Le pire avec ce récit américain par des américains, ce sont les 30 dernières minutes du film.
La photographie que Walter Mitty est parti chercher à l’autre bout du monde aurait pu être un super McGuffin, un prétexte pour se dépasser lui-même… Et bien non. Elle existe et là c’est juste ridicule de pathos. Sans vouloir spoiler le film qui est tout de même à voir, on s’attend à tout ce qui va se passer, on n’est juste limite surpris qu’il aille si loin dans le « sortez les violons ». On nous ressort encore pour la énième fois la fameuse phrase fétiche de sa société qui est en train de se faire racheter par les méchants financiers imbéciles pour nous faire verser une larme.
Je suis assez cliente de ce genre de film, et la bande originale réussit son coup, quand il est à l’étranger on a envie de voyager mais la réalité du film n’est pas à la hauteur de nos fantasmes… A noter pas mal de références musicales et cinématographiques et c’est assez plaisant. Ben Stiller a voulu faire un film honnête sur un scénario qu’il l’a touché malheureusement le film rentre difficilement dans ses frais aux USA alors que ces américains étaient clairement la cible. bref, décevant dans le récit mais plutôt bien réalisé…à voir sans rêver à un grand film.
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