Le Vent se lève d’Hayao Miyazaki

By in Reviews
Ce fut l’énorme choc dans l’industrie du cinéma lors du Festival du film de Venise cette année avec cette révélation; LE VENT SE LEVE (Kaze Tachinu) est le dernier chez-d’oeuvre du maître japonais Hayao Miyazaki. Juste pour cette simple raison, ce film mérite d’être vu . Non seulement parce que nous avons aimé ses anciens films comme PRINCESSE MONONOKE , LE VOYAGE DE CHIHIRO , LE CHATEAU AMBULANT et bien d’autres, mais surtout parce que LE VENT SE LEVE est particulièrement réfléchi et différent.
Tout d’abord, comme on peut s’y attendre, il y a d’étonnantes scènes animées . Parmi elles, il y en a une qui est particulièrement bluffante et magnifique, celle qui retranscrit le tremblement de terre de Kanto à Tokyo en 1923. Avec les rues de la ville complètement déformées, on resent incroyablement bien les vagues violentes et stressantes du phénomène. Grâce au talent de Miyazaki, l’animation est utilisée très intelligemment et avec originalité, où on peut suivre Koji, qui lutte pour sa vie et ses rêves.
En effet, les scènes catastrophe peuvent s’avérer être très efficaces et impressionnantes dans des films comme LE JOUR D’APRES , 2012, ou THE IMPOSSIBLE, des films qui utilisent les catastrophes naturelles plus comme un tour de force visuel qu’un véritable élément qui apporte du sens à l’histoire comme dans LE VENT SE LEVE. Des aspects visuels aux effets sonores, on est complètement happé par l’ambiance .
De plus, ce que j’ai particulièrement aimé, c’est la façon dont le peuple japonais est représenté avec leur culture et leurs traditions. En effet, dans cette scène, elle montre au combien ces gens sont résilients et savent passer à autre choses tout comme aller de l’avant après une telle catastrophe. D’un point de vue européen, ces nuances aident beaucoup à comprendre les subtilités des personnages mais aussi de l’histoire et de la culture japonaise .
Ensuite, ce film est très spécifique puisqu’on s’aperçoit qu’il s’agit aussi bien d’une histoire vraie que d’une autobiographie. Cette double lecture est ainsi très intéressante et émouvante à la fois. Considérant le personnalité de Miyazaki, on peut imaginer la difficulté du réalisateur à se confier. Quelle meilleure façon de le faire qu’à travers son art et ses films? Alors qu’on a été habitué à s’immerger dans son imaginaire foisonnant, ici, on est face à sa propre réalité, à ses fragilités et sa créativité qui forgent alors toute sa complexité .
Le film retrace la vie de Jiro Horikoshi, de ses rêves lorsqu’il était enfant à ses créations en tant qu’ingénieur. On suit sa vie déchirée entre son imagination et la dure réalité de la Seconde Guerre mondiale. Avec son mentor bien-aimé, Giovanni Caproni, son seul rêve est de concevoir des avions qui traversent le monde. Déterminé, il met en oeuvre tous les moyens pour cette quête, jusqu’à son embauche dans l’entreprise florissante Mitsubishi .
C’est alors que l’histoire révèle quelques longueurs et un détachement qui intrigue à propos des événements qui entourent l’ingénieur. En effet, déchiré entre ses prototypes défectueux et une histoire d’amour complexe, le personnage reste loin de toute considération du conflit mondial dont il prend indirectement part. En effet, Jiro Horikoshi a effectivement conçu le plan des chasseurs Zéro qui ont été utilisé lors de l’attaque kamikaze à Pearl Harbor des années plus tard. Néanmoins, ce débat est partiellement évoqué, dans ses rêves, lorsque Koji discute avec Giovanni sur la finalité de ses créations. Elles doivent servir le bien, aider les gens à voyager à travers le monde et ses merveilles .
Par conséquent, pour mieux profiter de ce film, on doit accepter la poésie comme emblème de l’histoire. Il n’est pas question de manichéisme, de morale ou de guerre, mais vraiment d’une éthique de travail pour atteindre au plus près les rêves. Il s’agit de l’écart qui existe chez un artiste, un scientifique, ou un visionnaire entre leurs désirs et la réalité de leur temps et de leur société. C’est pourquoi, je pense que ce film doit être long. Grâce à cela, on prend conscience du temps consacré à la quête de la perfection toujours insatisfaite qui affecte  tout aussi bien la vie affective que celles de nos proches. Avec cette interprétation de ce film, j’arrive à la conclusion qu’il s’agit en fait d’un adieu, d’une conclusion à l’engagement de Miyazaki en tant que réalisateur, puisque son art n’est plus le sien, mais appartient désormais à l’héritage japonais. Inspiré de la citation de Paul Valery « Le vent se lève ! … Il faut tenter de vivre ! », je considère que c’était plus sur l’engagement de l’artiste envers son travail et la postérité qui s’en dégage jusqu’à ne plus redouter la mort… comme si une transcendance avait été atteinte … comme si une certaine paix intérieure avait été trouvée avant une fin proche.

This is a boxed content block. Click the edit button to edit this text.

Experte en films de badass et en BONS blockbusters. Le Mainstream a du bon mais pas quand c'est cheap #Oscars

0 Avis

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.