Le film est librement inspiré d’une nouvelle de Camus “l’Hôte” qui retrace l’histoire de Daru, instituteur en Algérie qui est chargé de remettre aux autorités un algérien. Ici, il est question de la même histoire à quelques différences près comme le fait que le réalisateur a voulu raconter l’histoire comme une sorte de Western et mettre en avant l’amitié qui lie le personnage de Daru (Viggo Mortensen) et celui de Mohamed (Reda Kateb) condamné à mort pour avoir tué son cousin. Les deux hommes vont devoir s’entraider pour survivre. En effet, on est en 1954 aux prémices de la guerre d’Algérie.
Daru dans le film, n’est ni français ni algérien du coup il se retrouve être étranger et ennemi aux deux clans bien que né en Algérie et neutre dans ce conflit.
L’interprétation des personnages est bien, comme toujours avec Viggo Mortensen. Reda Kateb arrive à apporter un certain charisme et interprète bien une certaine candeur chez un personnage qui a tué un homme. Il n’est pas très causant mais il arrive à donner le change avec très peu de répliques. Le seul problème que j’ai eu avec leurs interprétations, ce sont les accents. Viggo Mortensen a un très bon français et même un très bon arabe mais malheureusement, on entend quand même son accent et sa diction un peu “trop” soignée. Il est censé être d’origine espagnole et n’a pas cet accent. Son accent est parfait à certains moments mais on l’entend parfois quand même, du coup ce détail m’a un peu dérangé.
La complicité des deux hommes sur laquelle repose le film ne m’a pas vraiment touché. C’est le personnage de Daru en lui-même que j’ai trouvé plus intéressant. Il se dévoile au fur et à mesure mais peut-être pas assez. Il reste assez lisse à mon goût. Cependant, même si j’ai décroché pendant pendant quelques temps, Viggo Mortensen est tellement talentueux qu’il réussi à me rattraper en une scène où celui-ci se dévoile et montre un peu de vulnérabilité et d’émotions. En dehors de cela, Il a un côté un peu trop “parfait”.
C’est comme la mise en scène. Il s’agit du deuxième film de David Oelhoffen après “Nos retrouvailles”. Elle est tellement propre qu’elle en est presque mécanique. Le film commence par un panoramique droit (mouvement latéral de la caméra ), technique qu’il va multiplier dans le film. Il y a une multitude de plans de coupes sur les paysages aussi. Il y a donc un contraste entre la “lenteur” des pano et la rapidité des coupes. Au début, le rythme du film est assez rapide. Cela s’enchaîne bien. Mais ça ne dure pas vraiment. Il y a d’autres plans assez originaux comme ceux très serrés qui fonctionnent bien dans les scènes de fusillades. On ne voit pas grand chose mais cela donne l’effet d’être au coeur de l’action avec eux. Cela fonctionne moins dans les scènes de traversée du désert notamment dans les montagnes où parfois ils trébuchent et on voit pas très bien ce qui se passe sans raison particulière.
La photo est par ailleurs superbe. Claire, pure, on l’a impression qu’il n’y a presque pas d’étalonnage (ou alors juste pour le minimum, c’est à dire, rendre tous les plans de la même couleur). Elle met énormément en valeur les paysages de l’Atlas et participe à un certain lyrisme du film. L’habillage sonore est pas mal aussi. Il alterne silences et bruitages très forts (de coups de feu essentiellement) ou de son presque saturé pendant leur périple dans le désert. Le film a du potentiel mais il est plus beau que bon. Pas assez d’enjeu et de tension dramatique, un esthétisme poussé, une interprétation à la hauteur avec un Viggo Mortensen qui s’est donné beaucoup de mal pour parfaire son accent mais la sauce ne prend pas vraiment. Un film sympathique mais pas transcendant.