Maléfique de Robert Stromberg

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Maléfique est la parfaite combinaison entre une histoire solide et universelle, qui, par son imaginaire symbolique du conte, touche plusieurs générations portée par des moyens colossaux ($200M) et le patrimoine bien rentabilisé des studios Disney.

Donc sans surprise, le visuel est « merveilleux », «  féérique » avec des créatures magiques dignes des meilleurs concept arts: un Disney bien rodé entre l’originalité du Alice de Tim Burton et la stratégie marketing du dernier Blanche Neige d’Universal avec Kristen Stewart.

Il faut dire que depuis qu’on en entend parler, le moindre faux pas aurait été mal accepté. 

Je passe rapidement sur la réalisation car avec Angelina Jolie aux commandes dans le rôle principal, je ne peux que répéter l’évidence: ça fonctionne, on adhère tout de suite, rien à signaler en fait.

N’étant plus une enfant, lorsque j’ai regardé ce film, j’ai retrouvé l’étrange sensation qu’on me racontait une histoire, et pas des moindres, LE conte pour la première fois. Et oui, le vrai coup de maître du film réside dans son scénario et l’écriture de l’intrigue. POURQUOI? Par souci d’intégrité, je ne révèlerai aucun détail et aucun spoil, mais oui, ce film est une remise en question, une confession d’une vérité cachée, qu’il ne faut pas se fier aux apparences, et que ce que l’on désire voir, penser, ou croire n’est peut-être qu’un leurre bien huilé depuis bien longtemps.

Comment un film grand spectacle, sans surprise et fait pour plaire au plus grand nombre, arrive à être autant ancrer dans notre réalité, révélateur de profondes tendances dans notre société? 

  • Et si la belle au Bois dormant était l’histoire d’un mauvais divorce?En effet, il existe un vrai trio entre le roi, figure paternelle, Aurore la jeune fille qui cherche des réponses, et Maléfique, une femme blessée. Au cours de l’histoire, les tensions, les secrets, les malaises mais aussi les joies suggèrent le tiraillement difficile que peut vivre un enfant lors du divorce de ses parents. Plutôt intéressant et très moderne.
  • Et si les plus belles histoires sont celles où les grands héros sont des femmes?On ne vous a jamais dit que derrière les grands hommes se cachent des femmes? Et bien là, le film assume un féminisme « moderne », qui se concentre directement sur ces femmes, à presque accuser les hommes de causer les plus grands maux de notre société (notamment les guerres). Mais attention, même si le film joue sur un woman power très « tendance », toutes ne profitent pas du même traitement de faveur. Les trois « bonnes » fées pour ne pas dire les trois « simplettes », passent sous les feux de la critique, caricatures ridicules d’une éducation et symboles d’une place de la femme d’un ancien temps. Modernisme contre traditionalisme, la guerre est déclarée entre les personnages féminins. Les hommes sont ici spectateurs, assez crédules d’assister à ce spectacle. Après Raiponce, Rebelle, et maintenant Aurore, les princes passent à la trappe! Complot ou justice voici ce nouveau parti pris de notre société assumé ici.    
  • Et si ce film nous suggérerait le plaisir coupable d’espérer voir le pire à en oublier le meilleur?C’est vrai que rien qu’en regardant la bande d’annonce, c’est la révélation: on va pouvoir admirer LE méchant féminin dans toute sa malveillance et ses pouvoirs les plus sombres. Les ronces, le dragon, la malédiction, il faut avouer qu’il y a quelque chose de jouissif à voir les méchants  évoluer dans un film et lorsqu’ils sont mis au premier plan c’est tout gagné! Comme une thérapie de la seconde chance, ces films centrés sur des personnages fondamentalement méchants sont pour nous l’occasion d’accepter leurs côtés sombres et d’écarter l’idée d’un manichéisme bien trop lisse. Fini la princesse niaise symbole de vertu et la méchante reine, fourre-tout improbable de tous les problèmes imaginables, ici il est question d’effets de cause à conséquence entre les choix et réactions des différents personnages. Par conséquent, ce n’est plus une situation immuable qui nous est présentée mais une réalité évolutive qui nous est expliquée. Il semble que ce contre-pied est assez stigmatique de notre volonté de se réapproprier nos traditions, nos valeurs, nos légendes (nos contes) pour mieux construire notre propre histoire, notre propre modèle de pensée. Belle contradiction et donc bel effort de la part de Disney!

Comme vous pouvez le constater, je pose des questions sans être tout à fait sûre que ce film en ait vraiment les réponses, mais ça faisait TRES longtemps que ça ne m’était pas arrivé avec un Disney. Merci le scénariste! Et chapeau l’artiste!

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Experte en films de badass et en BONS blockbusters. Le Mainstream a du bon mais pas quand c'est cheap #Oscars

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