Nous étions au lancement de la rétrospective Mathieu Almaric à la cinémathèque de Paris le Samedi 12 Septembre. Elle va durer 1 mois et demi et retracera le parcours de ce brillant acteur français à travers ses films à la fois en tant qu’acteur mais aussi ceux qu’il a réalisés. C’est d’ailleurs avec « Tournée », pour lequel il a obtenu prix de la mise en scène à Cannes en 2010 qu’a été lancé le coup d’envoi de cette rétro.
Je me suis rendu à la projection avec un peu d’appréhension. Au programme: Un film français de 2h sur la tournée d’un show new burlesque à travers la France, suivi d’une séance questions réponses avec l’équipe du film.
14h 15, J’arrive à la cinémathèque, je ne suis pas rassuré. Un rapide coup d’œil autour de moi et je m’aperçois qu’il y a essentiellement des personnes âgées, des jeunes au look d’artistes qui viennent se détendre entre deux films austro-hongrois et des personnes seules qui n’ont certainement pas réussi à convaincre leur entourage de les accompagner pour cette après-midi de folie.
Mathieu Amalric arrive à 14h45. Il est en retard. Je ne comprends pas, sur le billet, il est pourtant clairement indiqué « tout retard ne sera pas accepté ». Passons. L’animateur lui demande s’il a envie de nous présenter le film que nous nous apprêtons à voir. Réponse du retardataire : bafouillement puis « euh non ». Ça commence bien, il a l’air d’avoir eu un déjeuner un peu arrosé. Le retard s’explique donc.
Le film démarre, il est top (si si), il se termine, applaudissements, lumière.
Les moins courageux s’en vont sans demander leur reste, les autres voient débarquer sur la scène, une quinzaine de personnes de l’équipe du film. Acteurs, scénaristes, producteurs, équipe technique, tout le monde est là.
S’engage alors une conversation entre Amalric et son équipe. On y apprend que le projet a mis 10 ans à se concrétiser, que le scénario s’est écrit à 6 mains mais, qu’il a été réécrit tous les jours sur le tournage, que Mathieu (on est devenus potes) est un cauchemar pour les producteurs à cause de cela, qu’il est un directeur d’acteurs formidables etc.
Mais pour moi, l’important est ailleurs. Là où le making of remplit peu ou prou la même mission, il y subsiste cette frontière infranchissable qu’on appelle l’écran qui impose par définition une distance entre acteurs du film (au sens large) et spectateurs.
Au delà de ce qu’ils se peuvent se raconter de plus ou moins intéressant, c’est ce sentiment de proximité que l’on éprouve vis à vis de l’équipe du film que j’ai adoré. Pendant 1 heure j’ai eu ce sentiment d’être comme privilégié, comme quelqu’un que l’on aurait mis dans la confidence et qui appartenait un tout petit peu à la famille du film.
A ce sujet, Mathieu Amalric qui s’est personnellement impliqué dans ce projet de rétrospective sera présent à nouveau le Vendredi 25 septembre à 17h pour la projection de « Arrête ou je continue » de Sophie Fillères.
Mais, selon moi, un des moments forts de la rétrospective se déroulera le lendemain à 14h30. Dans la foulée de la projection de « Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) d’Arnaud Desplechin, s’engagera un dialogue entre ce dernier et Mathieu Amalric.
Je ne suis pas un grand fan des films de Desplechin, et c’est justement pour cette raison que je trouve passionnant la possibilité de l’écouter parler de ses films en compagnie de son acteur fétiche. C’est la parfaite occasion d’être sensibilisé au cinéma d’auteur et d’être accompagné par ceux qui sont considérés unanimement comme des références de ce dernier.
J’ai pu observer que Mathieu Amalric avait une réelle volonté de partager avec les spectateurs, d’expliquer ses choix et même parfois de trahir des secrets de tournages. Ce sont les raisons qui me poussent à croire que cette rencontre sera extrêmement riche et éclairante pour tous ceux que ce cinéma peut effrayer au premier abord.
C’est la raison pour laquelle je conseillerais à tout le monde de se rendre à des projections avec rencontre, des masterclass ou tout autre événement qui met en contact le public avec ce microcosme si particulier qu’est le monde du cinéma.
Enfin, pour ceux qui comme moi sont tombés sous le charme de cet acteur à la carrière internationale (Quantum of Solace et Munich quand même !), je vous conseille plus particulièrement les films qu’il a réalisé. « La Chambre Bleue » (le 28 septembre à 18h30), « L’illusion Comique » (le 30 à 22h) et donc aussi et surtout « Tournée (le 4 Octobre à 18h30). En plus, les salles de la cinémathèque sont très belles, ce qui ne gâche rien, et puis les films c’est quand même mieux au cinéma non ?
Le détail des séances ici :
