Serena de Susanne Bier

Serena de Susanne Bier
16 novembre 2014 Laura Kressmann

Après le succès de “Happiness Therapy”, on ne pouvait s’attendre qu’au meilleur avec la troisième collaboration entre Jennifer Lawrence et Bradley Cooper. Déjà assez impressionnée par son interprétation dans le dernier “American Bluff de David O.Russell, Jennifer Lawrence, dans le rôle de Serena, montre un peu plus son talent dans le style dramatique.

Un style maîtrisé par la réalisatrice Danoise Susanne Bier nombreuses fois récompensée (“Love is all you Need”, “Revenge” et surtout la version danoise de “Brothers” qui est à l’origine du remake américain).

Mais même si sur le papier tout laisse présager le meilleur, on reste beaucoup sur notre faim. En fait, Serena nous laisse un goût d’inachevé ou plutôt de déjà vu.

Pourquoi ce bilan aussi nuancé? Dès la bande d’annonce et pendant tout le film, j’ai pu constater que ce film à première vue d’acteurs, ressemble plus à un piège du genre. Alors qu’il s’appuie sur des têtes d’affiches prestigieuses, ces dernières doivent faire un vrai numéro d’équilibriste. Même si le duo Cooper et Lawrence fonctionne, j’ai eu de la compassion pour les 2 acteurs qui se débattent avec une mise en scène policée et un montage maladroit. Bradley Cooper, dans le rôle de l’entrepreneur post Krach boursier, et Jennifer Lawrence en indomptable et déterminée femme blessée, jouent un couple fusionnel à la tête d’une fortune en Caroline du Nord. De la rencontre au déchirement, l’enchainement des événements est incroyablement lisse et sans surprise. Je me dois de mentionner cet enchainement au début du film sur la rencontre du jeune couple qui est tellement insipide qu’il rend mal à l’aise; on passe de 2 sourires à l’intimité du couple sans transition, sans inspiration, sans émotion. Presque de mauvais goût.

Comme si c’était aux acteurs qu’incombaient la tâche de donner toute l’émotion et la crédibilité à l’histoire alors que le montage fait tout l’inverse. Pire encore, sur ce passage, j’ai presque eu l’impression que le montage sabotait l’interprétation des acteurs. La réalisatrice cherche pourtant un certain esthétisme mais sans relief. Le seul relief  que l’on retrouve est dans les longs plans aériens des flancs des montagnes où s’entremêlent les arbres de cette forêt envoûtante et ces nuages étouffants. Peu comparable à un “Retour à Cold Mountain” poignant, on tombe vite dans une mécanique qui annihile toute émotion et un classicisme un peu ennuyeux.

Et là encore les acteurs ne déméritent pas, car ce classique fait injustice à l’interprétation très noire que nous offre Jennifer Lawrence. Entre un passé difficile et une vie conjugale tourmentée, Serena est une femme en apparence forte mais tellement fragile à la fois. En revanche,  la musique un peu guimauve et les plans rapprochés à répétition nous écarte de toute intensité, originalité ou de moments mémorables.

Serena devient un bel album figé d’acteurs en costume.

Assez déçue donc, mais surtout embêtée pour les acteurs à qui ce film fait complètement injustice à leur talent pris au piège dans une mise en scène sans relief .

A croire qu’il aurait fallu laisser le projet à Darren Aronofsky premier candidat pour réaliser le film.

Experte en films de badass et en BONS blockbusters. Le Mainstream a du bon mais pas quand c'est cheap #Oscars

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