Supercondriaque de Dany Boon

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Cette semaine j’ai eu la chance de voir le réalisateur et les acteurs principaux à l’occasion de l’avant première de ce film de 20 millions d’euros de budget. Indéniablement, ils sont tout à fait sympathiques et abordables avec leur public. Néanmoins, je dois le dire, cette comédie ne fonctionne pas, pour ne pas dire un total fiasco.
Comment j’en suis arrivée à une telle conclusion?
Tout d’abord, 20 millions d’euros de budget semble exorbitant aux vues de ce que l’on a à l’écran. L’histoire est tournée à Paris dans des lieux de prestige comme la Tour Eiffel, les Champs Elysées ou les Quais de Seine mais aussi en Hongrie pour les scènes d’Europe de l’Est. Le film ose réunir à l’écran le style traditionnel de la comédie française dans des appartements cossus mais aussi celui du film d’action avec des explosions et des poursuites de voitures effrénées. Bien que cette combinaison puisse être un atout ambitieux, ce n’est malheureusement pas le cas. L’histoire est mise de de coté et on s’y perd complètement. Franchement, peut-on réellement croire qu’un hypocondriaque plutôt incapable puisse s’échapper avec ses amis des mains de soldats surentraînés sous une rafale de tirs? Le genre de la comédie demande une certaine ouverture d’esprit mais aussi une minimum de réalisme.
Cette histoire à deux vitesses en devient complètement troublante car elles sont fondamentalement paradoxales: à Paris, le personnage principal est un hypocondriaque paranoïaque voire attardé alors qu’en Europe de l’Est, il se révèle être le grand héros qui a surmonté toutes ses phobies. Je veux bien qu’il y est une évolution chez ce personnage, mais aussi drastique, c’est tiré par les cheveux; vers le milieu du film, on en oublierait presque qu’il est hypocondriaque, titre du film. Entre des évènements improbables et des retournements de situations plus qu’attendus, on arrive vite à limite de l’ennui.
En effet, trop souvent, les interprétations des acteurs sont « too much » malgré ce casting talentueux; entre les grimaces, les gémissements, les cris et les attitudes hystériques, les dialogues en deviennent souvent déconcertants et peu crédibles. Pourquoi? Probablement à cause d’un développent des personnages très grossièrement tombé dans la caricature qui fait qu’on n’a ni compassion ni fou rire. Entre le patient sans limite, le médecin impuissant, la soeur un peu cruche et la femme castratrice, il ne nous reste plus qu’à déplorer un succession malheureuse de sketches qui, combinés, ne nous fait pas profiter d’un film cohérent dans sa globalité.
Ajoutez à cela le fait que l’’on n’échappe pas aux blagues bien téléphonées sans parler des plus vaseuses: lorsqu’un hypocondriaque s’aventure à parler des ses ébats sans avoir mis de capote au beau milieu d’un bar pour justifier qu’il est guéri. Alors là on tombe au plus bas, un moment de cinéma que je dois avouer être un des plus déconcertants, gênants et malvenus que je n’ai jamais eu l’occasion de vivre!
Qu’est-ce qui justifie un retour aussi grinçant? D’abord, lorsqu’on a autant de budget et de gens talentueux à sa disposition, un simple film plus ciblé aurait été tout aussi efficace. Je ne pense pas que c’est faire preuve d’originalité d’intégrer des explosions dans une comédie si ce n’est pas à des fins humoristiques, sinon ça me parait plutôt être de la démonstration inutile. De plus, avoir un tel casting suppose d’en exploiter toute sa richesse et sa singularité afin d’éviter qu’il soit limité à imiter du Danny Boon alors que lui seul sait bien le faire. Ainsi, en voyant l’équipe, il semblerait que les acteurs principaux soient restés dans leur zone de confort sans aller plus loin dans le concept. Les comédiens « coexistent » sous le signe d’une amitié bien sympathique, d’une « famille » comme ils aiment bien s’appeler, avec un défilé de stars, mais cela en sacrifiant l’histoire au second plan.
Finalement, voici la preuve de la complexité et le soin très particulier que réclame le genre de la comédie. Des acteurs de premier choix, un budget et un thème populaire ne sont pas la garantie d’une comédie réussie. On excusera toutes les grimaces au meilleur acteur, tant que l’intrigue reste aussi simple que solide, qu’elle révèle des seconds rôles attachants et propose des dialogues bien chiadés, alors à ces conditions, le clown peut nous emmener n’importe où… il peut nous faire aussi bien rire que pleurer…

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Experte en films de badass et en BONS blockbusters. Le Mainstream a du bon mais pas quand c'est cheap #Oscars

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