12 Years a Slave de Steve Mc Queen

12 Years a Slave de Steve Mc Queen
21 janvier 2014 Helene

Voici un film dont on entend beaucoup parlé en ce moment puisque nous sommes en plein dans le « awards season ». En effet, le film a été très largement nominé notamment aux Golden Globes (où il a reçu « que » le Golden Globe du meilleur film dramatique) et aux prochains oscars.

J’ai eu la chance de voir le film en avant-première et à cette occasion Steve Mc Queen disait que le livre dont le film est l’adaptation était le journal d’Anne Franck version Etats Unis. En repensant au film, on voit très bien le parallèle entre les camps de concentration et ce récit de l’esclavage des afro-américains; la déshumanisation, l’impossibilité d’échapper à sa condition, la cruauté des bourreaux. Le film me fait penser à la liste de Schindler, notamment le personnage de Fassbender qui est aussi cruel et à la même attirance malsaine pour ses victimes que celui de Fiennes. Comme pour les films traitant de la Shoah, le cœur du film c’est cette tension permanente, ce sentiment d’impuissance et d' »inconfort » qui nous tient pendant tout le film. Et c’est là sa grande force.

La réalisation est évidemment impeccable, Steve Mc Queen gagne en puissance et ose des prises de vues inhabituelles qui illustrent bien ce qu’il veut dire, des plans très beaux à la Terrence Malick, ou encore des flash-forwards se faisant passer pour des flashbacks qui pourraient en décontenancer plus d’un. Ainsi, il arrive très bien à montrer l’indifférence de Salomon alors homme libre du Nord à la condition des esclaves du Sud, la solitude, la souffrance de celui-ci et la cruauté qu’il subit. La scène la plus emblématique du film est celle du long plan séquence où Salomon après avoir « désobéit » est pendu les pieds dans la boue. La scène fait presque enrager, on est près avec lui puis loin où il sert presque d’élément de décors dans l’indifférence la plus totale. On voit alors à quel point les esclaves étaient considérés comme des objets et leur incapacité à se rebeller est frustrante (beaucoup de personnes sortant de la projection en parlaient). Ce film est d’ailleurs très frustrant. On n’a pas d’échappatoire, on doit regarder et il n’y a pas d’issue possible. On le voit aller de mal en pis…le coup de grâce arrive avec le personnage de Lupita Nyong’o dont il s’agit là du premier rôle sur grand écran. Ce récit est réel donc oubliez les moments de soulagement; pendant 2h05 on est tendu. Fassbender aussi est particulièrement crédible. Idem bien évidemment pour l’interprète du personnage principal. Tous sont en lice pour remporter l’oscar. Le film tape fort mais il y a également des rôles subtils: celui de Cumberbatch notamment en maître d’esclaves respectueux mais pas téméraire. Le personnage de Brad Pitt, producteur du film ne l’est pas forcément quant à lui.

Alors on s’y perd un peu sur ces films assez à la mode en ce moment qui traitent de ce sujet: on pense immédiatement à Django Unchained; mais ici on ne joue pas, il n’y a pas cette exutoire où le héros est super fort et va dégommer tous les méchants. Ici, on nous force et d’autant plus si on est américain, à regarder une partie pas très glorieuse de l’histoire, et d’en avoir honte. On ressort du film et on n’a pas forcément envie de le revoir, il ne reste pas avec nous mais peut-être est-ce trop dérangeant. Peut-être serait-ce différent si j’étais moi-même afro américaine. Dans tous les cas, ce film, qui a mon goût va finir par souffrir de sa surmédiatisation est celui qui va consacrer Steve McQueen en tant que grand réalisateur de notre génération et qu’on citera en exemple dans sa filmographie alors vaudrait mieux que vous ne le loupiez pas!

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Experte des films indépendants. Du sud américain. Avec envolée d'oies sauvages. Et filtre Instagram. #Sundance

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