Un film de Terry Gilliam est toujours un événement même si certains disent que sa carrière est en perte de vitesse. On a même qualifié « Zéro Theorem » de film raté (Télérama entre autres) avec notamment des effets spéciaux d’un autre temps. En gros que Gilliam est has been. Décidément, certaines personnes de la profession ne comprennent rien au cinéma et ne prennent pas la peine de regarder les précédents films du réalisateur qu’ils « critiquent ».
Le film parle de Qohen Leth, un génie de l’informatique dans une entreprise où les employés sont asservis, dont les patrons sont incapables de retenir leur nom et dont le seul espoir réside dans l’attente d’un coup de fil qui lui révélerait enfin le sens de la vie.
Ce film reprend les grands thèmes de Gilliam : le fatalisme, la critique de la religion, de la déshumanisation par la manipulation de la société et celle de notre propre esprit, des décors futuristes délabrés, un personnage principal déphasé, des alliés loufoques qui s’avèrent ne pas en être, la libération par l’amour (ou pas) et la révélation à la fin du film que nous sommes finalement peu maître de notre destinée. En gros ce film reprend tout ce que l’on peut voir dans « l’armée des douze singes » et « Brazil ».
Alors on adore cet univers intentionnellement kitsch, ses plans originaux comme sa marque de fabrique (le plan caméra penchée renforçant l’impression de confusion/hallucination), ses répliques faussement énigmatiques, son humour presque de mutin omniprésent et le fait que l’on peut regarder 10 fois ses films et toujours trouver un nouvel élément que l’on avait pas remarque ou compris auparavant. On a le droit en prime ici aux caméos de luxe de Tilda Swinton, Matt Damon et Gwendoline Christie (Brienne de Torth dans Game of Thrones). Gilliam est également un formidable directeur d’acteurs. Christoph Waltz est génial comme d’habitude, cela fait longtemps qu’on n’avait pas vu Mélanie Thierry aussi convaincante et Lucas Hedges (vu dans « Moonrise Kingdom ») nous donne sérieusement envie de noter son nom quelque part et voir comment sa carrière va évoluer.
Le sujet du film peut d’ailleurs se résumer à la chanson « Creep » de Radiohead reprise par Karen Souza beaucoup utilisée dans le film même si le réalisateur ne connaissait pas la chanson avant la post-production.
En revanche, le souci ici c’est justement le manque de renouvellement. Au delà du fait que ce genre de film n’est pas facile d’accès car parfois difficile à comprendre et peut être trop « original » pour certains, il n’est également pas aussi prenant que ses précédents films et paradoxalement « banal » pour un Gilliam.
En bref, allez-y pour l’expérience mais sachez que c’est un Terry Gilliam sans grande inspiration. Vivement son prochain film Don Quichotte, projet qui n’avait pas vu le jour (A voir l’excellent film sur de ce projet avorté: « Lost in la Mancha ») mais qui a fini par renaître de ses cendres. En espérant qu’il s’agisse là d’un vrai renouveau pour le réalisateur.
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