Après son premier film “Au pays du sang et du miel” en 2011, Angelina Jolie revient avec cette deuxième réalisation qui retrace la vie incroyable de Louis Zamperini, athlète olympique et héros de guerre. L’histoire dont le scénario final est rédigé par les frères Coen est tirée du best-seller de Laura Hillenbrand : A World War II Story of Survival, Resilience and Redemption de 2010.
C’est l’histoire vraie d’un jeune italo-américain qui aurait pu sombrer dans la délinquance mais va s’en sortir grâce à son frère qui repère son potentiel et le pousse à intégrer l’équipe d’athlétisme du lycée de Torrance. La deuxième guerre mondiale va bouleverser et changer sa vie à jamais. Invincible reste un film hollywoodien assez classique avec un héros courageux qui n’abandonnera jamais malgré les épreuves difficiles qu’il aura à affronter. La survie, la rédemption et le pardon en sont les thèmes principaux. Angelina Jolie s’est associée avec le directeur de photographie Roger Deakins (Prisoners, Skyfall,Fargo..) et on peut dire que la photographie est belle et parfaitement bien travaillée. Deakins vient d’ailleurs d’être nommé à l’oscar de la meilleure photographie pour ce film. La lumière et les couleurs sont impeccables. Elle a le souci du détail. La réalisation est réussie et propre.
Le film commence fort, on a l’impression d’être un membre de l’équipage américain à bord du bombardier de Louis Zamperini attaqué par les forces aériennes japonaises. Cette première partie est entrecoupée de flash-back sur son enfance jusqu’à son parcours aux Jeux Olympiques de 1936 à Berlin où il finit huitième du 5000 mètres avec un final qui va marquer les esprits.
L’histoire omet l’épisode où Hitler le félicitait et lui serrait la main. Il a eu une audience personnelle avec lui et il a aussi volé un drapeau nazi sur un bâtiment officiel. Pris par l’armée allemande, il expliquera qu’il a voulu garder un souvenir de son passage sur le sol européen. Il partageait la chambre de Jesse Owens, quadruple médaillé d’or sur ces jeux olympiques. Malheureusement, le film ne mentionne rien de tous ces éléments, c’est bien dommage ça aurait pu aider à donner plus de profondeur et d’attachement au personnage. Pour situer le contexte historique, on reconnaît les drapeaux du régime et le Führer en uniforme dans les tribunes du stade avec ses militaires.
L’acteur Jack O’ Connell interprète Louis Zamperini. Cet acteur britannique de 23 ans a été vu dans “This is England”, “les poings contre les murs”, “300 la naissance d’un empire” (critique ici) et prochainement dans “Tulip Fever”. Il nous livre une belle interprétation, et sincèrement ce vent de fraîcheur fait du bien. Il est tout à fait crédible dans le rôle de sportif olympique et de héros de guerre. La scène de survie en mer, tourner en décor naturel est longue mais nécessaire pour l’histoire. Elle représente les 47 jours passés sur l’eau et les conditions dangereuses de survie pour ses hommes (la faim, la déshydratation, le climat, les requins ainsi qu’une attaque aérienne des japonais). La majeure partie du film traite de ses deux années passées dans les camps de prisonniers, des humiliations, de souffrance, de passages à tabac et de malnutrition. La relation entre la victime Louis et le bourreau Watanabe aurait dû être plus subtile et intense dans l’échange. On ne sent pas assez la dualité intelligente entre les deux protagonistes.
Le héros n’a pas d’opinions à part bien sûr son côté patriotique qui le fera renvoyer dans les camps de prisonniers car il ne veut pas trahir son pays en faisant de la propagande à la radio japonaise. Il aurait pu échapper à son bourreau et aux sévices physiques et psychologiques comme certains de ses compatriotes. On nous ressert le familier patriotisme américain. Il veut se venger du pervers Watanabe qui en fait son souffre-douleur et luttera d’abord pour rester en vie. Le personnage parle très peu, en revanche dans le bateau qui dérive, il essaie de raccrocher à la vie ces deux camarades par des tentatives de pensées positives.
Ce qui arrive à cet homme est une tragédie comme pour de nombreux jeunes hommes en cette période sombre pour l’humanité. On est bousculé par la violence de certaines scènes mais on n’arrive pas à être ému, même quand il lutte contre son cruel et sadique bourreau.
On nous indique par la musique les instants-clés et les moments où on doit se sentir bouleverser.
La fameuse scène de la poutre de 2 mètres de long qu’il doit maintenir à bout de bras au-dessus de sa tête sous la menace d’être tué aurait dû être le point culminant de l’émotion malheureusement ça ne prend pas. Sauf au début, on ressent de l’énervement et de l’agacement provoqué par l’acharnement et la cruauté gratuite de son geôlier mais on se doute que le héros s’en sortira. On regrettera que le film passe autant de temps sur les scènes de torture et d’humiliation. Il est un peu trop lisse et superficiel au niveau des personnages, les évènements s’enchaînent, il manque le petit plus qui pourrait le faire basculer de bon film à un grand film. La suite de sa vie après la guerre est résumée avant le générique par des photos et des vidéos de Louis Zamperini accompagnées de textes explicatifs. On y apprend que le héros a pardonné à ses bourreaux surtout l’impitoyable Watanabe mais que celui-ci n’a pas voulu le rencontrer. A force de courage et de volonté, il réalise son rêve olympique : participer aux jeux de Tokyo. La musique et le son sont efficaces, elle a fait appel à un des meilleurs compositeurs de cinéma Alexandre Desplat, cocorico ! Tout est à sa place, les effets sonores comme l’attaque de requins tombent juste et on se surprend à sursauter. La musique peu convaincante de Coldplay achève le générique de fin.
Louis Zamperini décède à 97ans en juillet dernier et skatait encore à 81 ans. Ressortons nos rollers !