Asphalte de Samuel Benchetrit

Asphalte de Samuel Benchetrit
5 novembre 2015 Damien Cubi

Une comédie loufoque au casting 6 étoiles qui fait rire avec ce qu’elle dit et touche avec ce qu’elle ne dit pas.

Il ne faut pas sous estimer l’importance du titre d’un film. Parfois il suffit à donner une image erronée ou négative alors même que l’on ne sait rien de ce dernier. Non, Asphalte n’est pas un ersatz français de Fast and Furious mais bien un très beau film dans lequel on (ré)apprend à communiquer avec les autres. Et ça fait du bien.

Asphalte est en premier lieu une comédie drôle et loufoque qui a pour cadre quasi unique un immeuble de cité qui sera le théâtre de rencontres improbables entre des personnes qui n’ont rien en commun si ce n’est leur fragilité.

Le ressort comique de ce film repose véritablement sur les difficultés à communiquer qu’ont les personnages, par extrême timidité, parce qu’il existe un fossé générationnel ou bien encore parce qu’ils ne parlent pas la même langue. On se délecte à observer deux grands timides maladroits qui se plaisent, s’échanger des banalités (le couple Gustave KervernValéria Bruni Tedeschi) ou encore un adolescent délaissé (Jules Benchetrit) s’adresser à sa nouvelle voisine, une actrice quinquagénaire has been (Isabelle Huppert) comme il parlerait à un de ses potes. Mais la palme revient à l’incroyable et absurde rencontre entre un cosmonaute américain venant d’atterrir sur le toit de l’immeuble et Madame Hamida spécialiste ès-couscous et pas forcément anglophone.

Le film réussit aussi à instiller la dose juste de mélancolie et de poésie qui lui permet d’être beaucoup plus qu’une comédie sympathique que l’on apprécie sur le moment mais qu’on est plus sûr d’avoir vu un an après. Les personnages, plutôt tristes et seuls au départ, s’ouvrent et se découvrent petit à petit. On comprend au fur et à mesure à quel point chacun recherche chez l’autre ce qui lui manque. Chaque « couple » finit par trouver sa manière de communiquer et si le dialogue entre eux n’est pas toujours des plus naturels, c’est par un regard, un geste ou un sourire qu’ils arrivent finalement à se comprendre. Et c’est très touchant.

Il n’y a pas de jolis personnages sans bons acteurs et à ce sujet le casting est parfait. Il est difficile d’en ressortir un parmi les six acteurs principaux. Mais notons la présence inattendue dans le rôle du cosmonaute de l’américain Michael Pitt, étiqueté acteur de films indépendants (Last Days, Funny Games US entre autres). Le binôme hilarant qu’il forme avec Mandi Tassadit qui joue Madame Hamida est une raison suffisante pour voir le film. Ils sont tous excellents à la fois dans le registre comique grâce à un sens du timing parfait dans les dialogues et dans l’émotion où leurs silences disent souvent bien plus qu’une simple réplique.

La session « école des fans » continue puisque Samuel Benchetrit, le réalisateur mérite également un 10. Après deux films unanimement qualifiés de très moyens voire mauvais (Chez Gino, Un voyage), il relève parfaitement la tête. A la manière d’un Xavier Dolan dans Mommy ou de Wes Anderson, il a choisi d’utiliser le format 4:3. A ce dernier, en plus de certains travellings, il emprunte une géométrie dans les plans et filme majoritairement ses acteurs de face, ou de côté à 90 degrés comme pour épouser parfaitement les segments de cet immeuble et de ses appartements. De plus, le format carré de l’image renforce l’idée de case et de cellule dans lesquelles les personnages sont au départ enfermés et isolés à la fois physiquement et émotionnellement.
La musique n’a pas une place prépondérante dans ce film mais il faut noter cependant qu’elle participe activement à l’émotion qui s’empare du spectateur à la fin. C’est le chanteur Raphaël qui a composé les quelques mélodies et Ô surprise, elles sont plutôt très jolies. Comme quoi ce film est vraiment spécial.

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image source: Paradis Films

Expert en films francophones de moins de 3h qui font marcher les neurones mais sans prendre la tête. #Cesars

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