States of Grace de Destin Daniel Cretton

States of Grace de Destin Daniel Cretton
27 avril 2014 Helene

C’est un film qui porte bien son nom même si il s’agit d’un nom traduit car le titre original est « Short Term 12 ».  Les distributeurs se sont surpassés sur ce coup car souvent les titres français ne sont pas terribles. Ici, il décrit à la fois la vie et les épreuves qu’affrontent Grace le personnage principal interprétée par Brie Larson, et les moments de grâce donc, que nous offre le film.

Ce film est à l’origine un court-métrage que le réalisateur, Destin Daniel Cretton, présenta comme projet de fin d’études sur le cinéma à l’Université de San Diego et qui basé sur sa propre expérience. Il reçut le prix du jury au Festival de Sundance en 2009 et grâce au succès de son premier long métrage à ce même festival,  son deuxième film « States of Grace » a pu recevoir les fonds nécessaires pour voir le jour.  Des fonds qui restent très minimes car il s’agit de moins d’un million de dollars ce qui est rien dans l’univers cinématographique américain. (En France, le budget d’un film moyen tourne de 4 millions d’euros pour faire un comparatif). Le film fut également tourné en 20 jours.

Un film à très petit budget donc et qui rend sa réussite d’autant plus éclatante.

Ce film traite d’un sujet assez difficile : nous suivons une directrice de foyer pour jeunes en difficultés dans son quotidien et notamment avec une adolescente qui la renverra à ses propres démons. Souvent lorsque l’on voit la bande-annonce de ce genre de film on se dit plusieurs choses. Premièrement, que le sujet est assez déprimant donc qu’il faut se préparer à voir des choses pas très gaies  et qu’aller voir le film va être une « épreuve ». Deuxièmement que l’on risque de tomber dans le cliché des films « hipster » indépendants et avec une fin soit tragique soit trop positive. Ici, le réalisateur réussit à traiter son sujet (il a également écrit le film) sans tomber dans aucuns de ces travers. Même si on peut deviner ce qu’il va arriver, la mise en scène et le jeu des acteurs réussissent tout de même à nous surprendre. C’est traité non pas avec une retenue pudique ou une intrusion qui recherche le pathos mais un entre deux c’est-à-dire une sincérité immense à l’image de Grace et la manière dont elle s’occupe de ces jeunes.  Beaucoup de caméras embarquées (ce qui arrive souvent dans les films américains indé) mais ici pas en surdose, un vrai travail aussi sur le son. La bande originale sert vraiment le film et les silences qui servent parfois de transitions, réussissent à susciter l’émotion. Une mise en scène efficace donc qui se ressent aussi dans la direction d’acteur.

Un mot d’ailleurs sur le casting : Brie Larson que l’on a pu voir dans « The Spectacular Now » récemment a reçu beaucoup de nominations pour ce rôle et on comprend pourquoi. Son interprétation est très juste et elle porte littéralement le film. Elle a sans aucun doute un nom qu’il faut retenir. Le reste du casting est composé d’amateurs surtout parmi les enfants et d’acteurs avec peu d’expériences ce qui participent surement au côté authentique du film. John Gallagher Junior tient ici également son meilleur rôle. Rami Malek actuellement au cinéma dans « Need for Speed » tient le rôle sympathique du nouvel employé qui sert de décharge humoristique dans ce contexte plutôt difficile et nous permet de rentrer nous aussi dans ce foyer que nous ne connaissons pas.

Tout en abordant des sujets très durs, le film ne nous met pas pour autant mal à l’aise car on relativise avec les personnages du film. Parfois la vie est cruelle et finalement, beaucoup de gens ont souffert et c’est aussi cela la vie. Pour éviter cela, même si le film faisait plus de deux heures, Cretton insista pour que le film ne dure pas plus de 100 minutes justement pour avoir un ton plus léger ce qu’il a très bien réussit à faire : le film dure 97 minutes.  Et au lieu de s’attarder sur leurs problèmes, les personnages essayent d’avancer et de s’en sortir coute que coute même si ce n’est pas forcément évident. C’est un film sur la résilience. Il nous pousse à nous interroger sur nos propres démons et à dédramatiser. La vie est une lutte mais en même temps c’est normal. Le choix que l’on a est de décider ou non de tout faire pour s’en sortir. Grace, en est la représentation, elle qui se sert de ses traumas pour aider les autres tout en essayant de résoudre ses propres problèmes.

On en ressort sans avoir l’impression d’avoir vécu un moment difficile ni avec l’excitation de ce dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, mais avec le sentiment qu’il y a de l’espoir et du positif pour des jeunes traumatisés comme pour nous en général, peu importe les moments difficiles que l’on peut vivre.

Un film d’une justesse et d’une « grâce » rares qu’il faut voir absolument.

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Experte des films indépendants. Du sud américain. Avec envolée d'oies sauvages. Et filtre Instagram. #Sundance

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