Ils sont beaux, ils sont riches, ils font partis du cercle le plus élitiste de l’Université d’Oxford. J’ai nommé « The Riot Club ». Prestige vu de l’extérieur, débauche provenant de l’intérieur.
« The Riot Club » adapté de la pièce de Laura Wade (qui en est également la scénariste) est le dernier film de Lone Scherfig (réalisatrice d’ « Un Jour » avec Anne Hathaway et « Une Education » avec Carey Mulligan). Voici un film faisant régner la testostérone désenchantée dans un monde d’élite et d’universitaire dont le décor nous rappelle de temps en temps l’univers Poudlarien (l’innocence en moins). Nous avons donc un cadre qui donne envie et qui nous permet d’entrer très rapidement dans le vif du sujet.
La réalisatrice a voulu mettre en avant à travers ce film, le non-sens des petits clubs se voulant élitistes, mais dont les membres se révèlent en fin de compte n’être que des jolis petits oiseaux voulant se faire passer pour de fiers coqs et qui, au moindre petit souci, iront se réfugier dans les jupes de leurs mères ou – dans ce cas précis – sous la perruque immaculée de leurs avocats.
Sur les dix étudiants d’Oxford faisant partis du Riot Club, seuls deux d’entre eux sont de véritables outsiders : Alistair Ryle (Sam Claflin) et Miles Richards (Max Irons). Ces deux outsiders, qui pensent trouver quelque chose de fédérateur en entrant dans ce cercle très fermé (et qui surtout espèrent avoir un réseau) vont vite déchanter en réalisant ce qui se passe réellement dans ce club.
La performance de Max Irons en étudiant pris entre deux eaux est vraiment bien. Max Irons a très bien su interpréter le dilemme qui se joue dans l’esprit de Miles face à son appartenance au club et son début de romance.
Nous pouvons tout de même décerner une mention spéciale à Sam Claflin (qui interprète Finnick dans la saga « Hunger Games ») dans le rôle d’un jeune et riche étudiant paraissant discret, timide presque asocial, voire un peu paumé et ne pouvant s’empêcher d’étaler sa science. Alistair est une sorte de conservateur extrême et frustré, ayant la pauvresse des gens en horreur. Semblant de prime abord ronger son frein en silence, c’est un personnage qui va tout en crescendo jusqu’à non pas exploser en plein vol, mais éclater en plein jour.
Que serait un film dont les protagonistes sont masculins, sans quelques rôles féminins ? Et bien les seuls rôles féminins du film (il n’y en a que trois) ne sont en fait que des faire-valoir auprès de ces jeunes adultes, tentant de prouver leur virilité (avec une mise en situation qui nous donne l’impression que chaque femme se retrouvant entourée des membres de ce club ne sortira pas indemne de cette situation) ou bien, dans certain cas, présents pour montrer leur actuelle petitesse face aux personnes qui n’entrent pas dans leur jeu élitiste.
Le scénario tient la route et parvient, grâce à la musique, à mettre certaines scènes sous tension, même si en tant que spectateur, il peut être agaçant de la voir retomber comme un soufflé pour remonter et s’essouffler de nouveau. C’est cependant une brillante façon de montrer que tous les membres de ce club (ou presque) ne sont que des beaux-parleurs, incapables de mettre en action leurs pensées les plus profondes et attendent involontairement, un véritable leader qui sera capable de dire et de faire tout haut, ce que tous ces fils à papa souhaitent tout bas.
« The Riot Club » est un film sympa tentant de dénoncer tant bien que mal les dessus de l’élite estudiantine des grandes universités britanniques. Bien qu’il soit loin d’être mauvais, nous ressortons de ce film un brin insatisfait à cause du manque de profondeur de certains personnages qu’on aurait sans doute voulu découvrir en dehors du club.