Un Début Prometteur d’Emma Luchini

Un Début Prometteur d’Emma Luchini
9 octobre 2015 Damien Cubi

Manu Payet dans un rôle à contre-emploi fait ce qu’il peut pour sauver un film sans relief au scénario décousu et à la mise en scène soporifique.

A la vision de l’affiche qui montre un Manu Payet, l’air triste, la barbe de 3 ans, le cheveux hirsute, la cigarette au bec, comment ne pas penser à  l’expression qui sévit depuis plus de 30 ans dans le cinéma français à propos des comiques qui s’essaient à d’autres compositions : « il fait son Tchao Pantin ». Oui mais pour ça, encore faut-il que la qualité du film le lui permette.

Manu Payet est Martin, un écrivain alcoolique, blasé et déçu de l’amour qui retourne vivre chez son père (Fabrice Lucchini) à la campagne. Son jeune frère Gabriel est tout l’inverse, il est plein de fougue, insouciant et tombe amoureux au premier regard. Lorsque ce dernier décide de tout mettre en œuvre pour séduire une jeune femme plus âgée, son frère l’en empêche. Au début.

Mais de quoi parle ce film ??? Est-ce un film sur l’amour à l’adolescence ? Est-ce un film sur les dangers de l’alcoolisme ?  Ou bien sur les désillusions amoureuses à l’approche de la quarantaine ? Je n’en ai aucune idée à vrai dire, tant je n’ai pas compris où il allait.

Alors que je m’apprêtais à sortir mon vieux couplet sur la faiblesse de la grande majorité des scénarios de comédie en France, j’apprends que celui-ci est adapté d’un livre de Nicolas Rey (ex-chroniqueur du Grand Journal, version Denisot) qui n’est autre que le compagnon à la vie de la réalisatrice Emma Lucchini.

De plus,  il paraît que le scénario est beaucoup moins noir que ne l’est le bouquin. J’en déduis que ce n’est donc pas une comédie. Tant mieux parce que je n’ai pas ri, les autres spectateurs non plus.

Le passage du livre au grand écran est souvent un casse tête pour les scénaristes. Il faut faire de vrais choix car on ne transpose pas 300 pages en 1h30 sans modifier son récit ou ses personnages. Nicolas Rey s’est chargé lui-même du scénario et c’est à se demander si il l’a fait relire car l’impression subsiste qu’il manque des pages, ou qu’elles ont été mélangées. Les scènes s’enchaînent sans réel lien les unes avec les autres et les dialogues sont tout au plus quelconques. Il est laissé une place grandissante au personnage de la jeune femme et une place tout court au père alors que ceux-ci semblent avoir été écrits uniquement pour rallonger le générique. Message personnel : On n’a pas besoin de 4 scènes pour comprendre qu’un personnage est alcoolique.

La mise en scène est d’une platitude confondante et le théâtre filmé pour la télévision est bien plus intéressant de ce côté là, c’est dire. On pourrait objecter qu’elle s’efface au profit de l’histoire mais lorsque s’enchaînent des scènes souvent longues et parfois sans intérêt, rajouter des plans fixes est une invitation lancée au spectateur à penser à ce qu’il a pu oublier sur sa liste de courses.

Et Manu Payet dans tout ça ? Pas mal du tout, car il n’est donc ni servi par le scénario ni par les dialogues . (La moitié de ses répliques tourne autour de l’alcool). Il  est pourtant attendrissant dans ce rôle de grand frère alcoolique mais bienveillant. Il dévoile une autre facette de son jeu, loin de son débit mitraillette qui le caractérisait dans « Radiostars » ou “Situation amoureuse : C’est compliqué”.

On sent une réelle capacité chez lui à passer très facilement du rire aux larmes juste avec un regard. Lorsque l’on sait son investissement physique pour ce rôle (prise de poids, barbe, cheveux, tout est vrai), on imagine aisément son degré de motivation à interpréter ce personnage plus sérieux, comme pour montrer qu’il n’est pas qu’une machine à blaguer.

Pour lui, ce donc n’est pas Tchao Pantin, car la qualité du film et l’épaisseur du rôle qui lui est confié sont insuffisantes. Mais comme disent les vendeurs, il a mis un pied dans la porte et a prouvé qu’il pouvait aller vers des rôles plus sérieux sans se ridiculiser. Pour le film en revanche, il vaut mieux laisser la porte fermée.

Est-ce #DudeChick ?

Un film à ne pas voir et à ne pas revoir

Au fait  #Dudechick c’est quoi? 

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image source: Gaumont

Expert en films francophones de moins de 3h qui font marcher les neurones mais sans prendre la tête. #Cesars

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