Film faisant énormément penser à Malick & Winding Refn dans l’esthétique, mais qui est plus proche du clip musical hispter que du chef d’oeuvre. Dans une ambiance très Lynchienne, on nous raconte un conte « dark » sans que l’on en comprenne le sens. Des scènes glauques ou absurdes viennent ponctuer notre ennui profond. Dommage…
Attention je suis une grande fan de Ryan Gosling. J’ai vu tous ses films depuis 1999. J’ai grandi en répétant à tout mon entourage que la carrière de cet acteur allait exploser, forçant presque mes amis à me suivre dans des cinémas miteux pour voir son dernier film indé. Puis est arrivé “Drive” et il est devenu le nouveau chouchou des minettes (soupirs).
Bref, le fait qu’il passe derrière la caméra était a priori une bonne nouvelle. J’avais entendu des échos pas très élogieux sur son film à Cannes (dont le montage a été refait depuis – voir sa masterclass ICI) mais je voulais me faire ma propre opinion. Bon, et bien ce n’est vraiment pas terrible.
Le début ne s’annonçait pas trop mal. On remarque que chaque plan, chaque cadre est étudié. La photo est superbe (par Benoit Debie “Spring Breakers” & “Enter The Void”, Gosling étant fan de Gaspar Noé comme Winding Refn) et les acteurs sont plutôt bons. Tel Woody Allen, il a choisi pour incarner le personnage principal son double, Iain de Caestecker vu dans “Agents du Shield” (le fils surnommé “Bones”). Le casting est complété par Christina Hendricks (la mère) rencontrée sur “Drive”, Ben Mendelsohn (le banquier) vu récemment dans “Exodus”, Saoirse Ronan qui est absolument partout (la voisine Rat), Matt Smith vu dans “Doctor Who” (le méchant psychopathe Bully), Eva Mendès et Reda Kateb (le chauffeur de taxi) vu récemment dans “Loin des Hommes”.
Gosling situe son histoire dans une Amérique post crise des subprimes où les villes sont fantômes et les maisons sont brûlées (on voit beaucoup de choses brûler dans ce film). Tout cela est filmé à Détroit, ville traduisant bien la chute d’un empire auparavant prospère. Chacun essaye de s’en sortir comme il peut : supplier le banquier et se retrouver à faire un job pas très classe (au summum du glauque mais pas de spoiler), s’attirer des ennuis en essayant de voler le caïd du coin, ou lutter contre des moulins à vent en essayant de briser “une malédiction”. Mais on s’aperçoit rapidement que l’histoire est très décousue. On a du mal à comprendre où il veut nous emmener. Ce film est censé être un conte pour adulte, un “Dark Goonies” selon Gosling, mais malheureusement on ne retrouve pas cet esprit ici. Les adolescents sont peut-être trop vieux pour se raccrocher à cette idée de ville maudite.
Le film est inspiré de la vie personnelle de Ryan Gosling, canadien émigré aux USA, vivant dans une maison hantée à proximité d’une ville recouverte par les eaux. Un contexte propice à l’imagination et… aux cauchemars. C’est un film qui ne fait donc pas rêver. Le scénario est assez obscur avec des scènes qui s’enchaînent mais qui n’ont pas toujours de rapport entre elles. Certains personnages manquent de profondeur ou de nuances. La mère a des réactions assez prévisibles, on ne comprend pas bien ce que le fils ressent et un des méchants du film (Bully) est carrément sans intérêt. Certaines scènes improvisées avec des locaux visaient à apporter une vraisemblance à l’histoire, mais on ne comprenait malheureusement pas pourquoi elles ont été filmées. D’autres séquences sont carrément glauques ou ridicules.
Malheureusement ce film est difficile d’accès à cause de la platitude des scènes, du scénario pas très lisible et du manque de rythme. Il ne dure pourtant que 1h35, mais on s’ennuie énormément et on finit par décrocher. On ne s’identifie ni s’attache à aucun personnage à part peut-être celui de Hendricks qui transmet très bien sa détresse. On retrouve quelques codes du conte mais on est vite “noyé” dans cette réalisation peu compréhensible. Beaucoup de scènes sont synchronisées sur des chansons électro ce qui donne l’impression de regarder un long clip vidéo du dernier groupe indé à la mode. Et d’un coup, on se réveille à cause d’une scène glauque dont on ne comprend pas bien l’intérêt.C’est vraiment dommage car lorsque l’on écoute Gosling pendant sa Masterclass, on comprend ce qu’il a voulu dire et pourquoi. Sur le papier c’était assez intéressant mais il n’a malheureusement pas réussi à raconter son histoire dans ce film.
Bref, Ryan Gosling a bien compris l’esthétique d’un film mais n’est pas encore un conteur d’histoire.
Est-ce #DudeChick ?
Pour les beaux plans à la Malick sinon c’est pas notre délire.
Au fait #Dudechick c’est quoi?
Pour aller plus loin lisez la masterclass de Ryan Gosling où il explique plus précisément le sens de son film.
[sixthtype_review post_id= »18842″]
image source: The Jokers